Le secret du bonheur et le secret de l'éveil

par Idris Lahore

Comment être heureux

De temps en temps, au cours de nos entretiens, nous posons la question de l’éveil spirituel, ou de ce que d’autres appellent la réalisation spirituelle, ou encore la libération spirituelle, et lorsque nous creusons un peu, nous nous rendons compte que ce n'est pas du tout ce que cherchent la plupart des gens. La plupart des êtres humains cherchent simplement à être heureux.

Cependant, j’ai fait un constat, en observant les gens heureux. D’abord, je dois dire que je n’en ai pas trouvé beaucoup, mais les plus heureux que j’aie rencontrés étaient des hommes et des femmes qui avaient réellement pratiqué un chemin spirituel en développant les qualités de l’esprit (ces qualités sont, je vous le rappelle : l'amour, la compassion, la joie, la sérénité, dans la clarté de l'esprit) : ils abordaient la vie, les situations, les autres et eux-mêmes avec amour, avec compassion, avec enthousiasme et joie, sans angoisse et avec beaucoup de sérénité, ce qui leur permettait d’avoir une vision claire d’eux-mêmes, des autres, de la vie en général, de tous les événements qui arrivaient. Depuis, je me suis dit qu'au fond, le chemin spirituel, c’est peut-être tout simplement enseigner aux gens comment être heureux. 

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Les fossoyeurs du bonheur

N'est-ce pas aussi ce que vous recherchez, au fond ? Repensez à votre vie : pouvez-vous faire un effort d’imagination maintenant ? Imaginez-vous en état d’amour, vous avez tous connu des moments d'amour, mais imaginez maintenant que cet amour que vous avez vécu est là tout le temps. Vous avez certainement vécu des moments de joie : imaginez que vous êtes intérieurement joyeux, et que cette joie est là tout le temps. Imaginez de même que vous êtes tout à fait serein et plein d'enthousiasme devant ce qu’il y a à faire.


Si vous avez cela tout le temps, que vous manque-t-il ? Mais il ne vous manque rien, n'est-ce pas ? Et votre vie, la vie des êtres humains en règle générale, ce n’est pas cela, n'est-ce pas ? Pourquoi ? Parce que les êtres humains se font une idée du bonheur, vous avez vous-même votre propre idée du bonheur et vous essayez de réaliser votre idée.


Vous cherchez le bonheur ailleurs, autrement, que dans ces qualités de l'esprit. Vous pensez parfois, surtout à partir d'un certain âge, que vous êtes heureux quand vous vous sentez en sécurité, et vous cherchez la sécurité à travers un emploi stable, à travers un bon état de santé, à travers l’argent que vous économisez pour votre retraite ou une maison avec des serrures partout. À partir d’un certain âge, les gens pensent souvent que le bonheur, c’est la sécurité, et c'est une illusion évidemment.


Lorsqu’on a assez d’argent, ou une bonne santé, cela peut durer un certain temps. Nous n'avons rien contre les plaisirs des sens, et nous considérons que les gens ont raison de prendre plaisir aux choses qu’ils font et qu’ils vivent, mais tous les plaisirs sont basés sur des désirs et nous savons que les désirs mènent toujours, après parfois une certaine satisfaction, à l’insatisfaction.


En ce qui concerne la sécurité, même quand vous avez de bons médecins, et encore de meilleures assurances, vous finissez par tomber malade ou par vous casser une jambe. Il y en a même, c’est ce qu’on m’a dit, qui finissaient par mourir. Tout ce qui tourne autour de la sécurité est évidemment illusoire, mais peut provoquer des plaisirs et des bonheurs passagers.


Il est évident que, quand quelqu’un est dans la pauvreté, il vaut mieux qu’il soit un tout petit peu plus riche. Mais de là à faire dépendre son bonheur de ses plaisirs ou d'un confort et d'une sécurité matériels : ceci est toujours voué à l'échec et surtout, ne mène pas au bonheur. Au plaisir, oui, parfois ; au confort, oui, parfois. Mais ceci ne vous enlève ni vos tendances dépressives, ni toutes les formes de votre tristesse, cela ne vous enlève pas votre peur, ni vos angoisses. Or les fossoyeurs du bonheur sont la tristesse et la dépression, l'anxiété et la peur. 

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Une grande différence

Il y a une grande différence entre un bonheur authentique et ces autres formes du bonheur qu'on recherche dans les plaisirs, ou le confort, ou la sécurité, ou bien encore la qualité relationnelle avec une personne. Beaucoup, en effet, imaginent aussi que ce serait le bonheur si seulement ils pouvaient vivre harmonieusement avec leur âme-sœur. En général, ils en ont déjà rencontré trois ou quatre, de ces âmes-sœurs, mais ils y croient toujours et continuent à la chercher. Nous savons que cela marche parfois : pendant trois jours, trois mois, trois ans même ! Mais ce n'est pas là non plus qu'ils trouveront le vrai bonheur.

Quelle est la différence entre un bonheur authentique et ces autres façons de chercher le bonheur ? Le bonheur authentique est celui qui ne dépend pas des situations extérieures. Vous, vous cherchez constamment le bonheur dans le monde extérieur. Vous pensez que vous allez être heureux à un moment parce que quelque chose ou quelqu'un va venir ou existe à l'extérieur. Et c'est certainement vrai, parfois, pour un temps. Mais ce bonheur dépend de quelque chose  d'extérieur à vous, et il est donc au mieux éphémère, et dans tous les cas voués à finir...

Malgré tout, en examinant cette recherche du plaisir et du bonheur extérieurs chez les gens, je me suis dit qu'il doit quand même y avoir quelque chose de vrai ou de juste dans cette façon de prendre plaisir à ces choses extérieures, dans cette façon aussi de croire être heureux ou même d'être heureux à certains moments.


J'ai trouvé ce que c'était, et cela m'a réjoui. Vous avez tous connu des moments de bonheur, de plaisir, ou pour quelques-uns, de sécurité absolue. Vous pouvez peut-être en trouver un dans votre mémoire et vous en souvenir. Quelle était sa caractéristique ? Et là, tout le monde doit pouvoir répondre exactement la même chose. Ce n'est pas quelque chose qui n'existe pas chez tout le monde, et c'est d'une banalité et d'une simplicité absolues…

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Premier secret du bonheur

 Auditrice : J'étais dans l'instant présent, juste là, bien, au présent.


Oui ! C'est exactement cela ! A ce moment-là, vous n'aviez pas de regrets quant à votre passé, rien de votre passé ne vous perturbait, et vous n'aviez pas non plus la peur ou l'angoisse du lendemain. Vous étiez simplement là, présent.


Vous connaissez maintenant l'un des secrets du bonheur : être simplement présent. C'est ce qui vous arrive aux plus beaux moments de votre vie. Vous n'êtes pas encombrés par les théories de votre pensée, ni par des émotions négatives comme la peur, la déprime ou la colère, et physiquement, votre état, quel qu'il soit, jeune, vieux, malade, n'a aucune importance. Parce que vous êtes simplement présent.

Bizarrement, il se fait que c'est aussi le premier secret du chemin spirituel. Sur tous les chemins spirituels authentiques, la première indication est : soyez présent à vous-même, au monde, aux autres. Soyez conscient de ce qui est ici et maintenant. Ce qui signifie que l'entraînement essentiel qu'on fait sur un chemin spirituel, et que nous appelons le rappel de soi, la présence en conscience, est le meilleur des moyens, même pour quelqu'un qui n'est pas sur un chemin spirituel, pour s'entraîner au bonheur. 

 

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L'exercice en trois questions

Première question : Suis-je heureux maintenant ? Il faut que vous vous la posiez à vous-même évidemment, mais en prenant un instant de recul. Quelle que soit la situation dans laquelle vous vous trouvez, vous vous arrêtez, vous inspirez et expirez trois fois profondément, et vous vous posez cette question. Quelques-uns répondront oui. Pour eux, il n'y a rien d'autre à faire, ils peuvent oublient le reste de l'exercice : que vouloir de plus ? Mais la majorité d'entre vous répondront non et verront que non, ils ne sont pas heureux maintenant. Alors, ils se posent une autre question.


Deuxième question : Qu'est-ce qui m'empêche maintenant d'être heureux ? et vous laissez venir ce qui vient.


Troisième question : Est-ce que maintenant, je peux être présent à moi-même et à ce qui se passe autour de moi ? Vous ne répondez pas, vous le faites. Parce que la présence n'est pas une idée, c'est une réalité que vous vivez avec vos pensées, vos émotions, votre corps.

 

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En quête de votre propre réalité

Dans un premier temps, il est nécessaire d’observer et de connaître tout ce et tous ceux qu’on essaie de rendre responsables de son bonheur ou de son malheur. Lorsqu’on pose correctement la question : "Est-ce que je suis heureux maintenant ?", la réponse généralement est non, parce qu’il y a des caractéristiques du bonheur, du vrai bien-être intérieur, et que vous ne les possédez généralement pas, vous ne les vivez pas. Être bien à l’intérieur de soi signifie être bien avec la situation, être bien avec les autres, toujours.

S’il n’y a pas au minimum cette caractéristique, la réponse est non. Donc, il faut affiner et passer à la deuxième question : "Qu’est-ce qui m’empêche d’être véritablement bien en moi-même et d’être aussi quelqu’un de bien dans la situation et pour les autres, d'être une bénédiction pour tous ceux qui m'entourent ?". Là, vous constatez que les empêchements se manifestent peut-être sous la forme de l'agitation ou de l'anxiété, ou d'un souci.

Essayez de nommer vos empêchements. Beaucoup d'entre vous n'arriveront même pas à les nommer : ils seront devant un vide, en tout cas ils auront la tête vide. Dans ce cas, il faut poser la question un peu différemment : "Qu'est-ce qui ferait que, selon moi, je serais heureux maintenant ? Qu'est-ce qui me manque pour être heureux maintenant, selon moi ?". Là, vous saurez vite ce qui vous empêche d'être heureux. Et vous constaterez que c'est très proche de ce dont vous imaginez que cela vous rendrait heureux.

Ces questions semblent très simples, mais elles ne le sont pas du tout si vous vous les posez sérieusement, comme un chemin de connaissance de vous-même. Si vous restez à la surface, elles ne vous serviront à rien. Il faut que vous restiez avec ces questions et que vous partiez à la quête de votre propre réalité. Quand vous avez trouvé quelque chose, quand vous pouvez nommer un empêchement, vous pouvez passer à la troisième question, qui est en réalité une réponse. Est-ce que je peux être présent à ce qui est, maintenant ? C’est à la fois la question et la réponse, le but et le chemin. 

Important : lorsqu’on aborde sérieusement ces questions, on ne peut pas en sauter une. Même si, pour certains d’entre vous, ou pour la majorité d’entre vous, la réponse à la question : "Est-ce que je suis heureux maintenant ?" est presque toujours non, il faut quand même la poser. Et il faut répondre en observant ce qui se passe en vous, avant de passer à la deuxième question. Il s’agit d’un exercice et d’un chemin très importants, lorsqu’on décide de les pratiquer sérieusement.

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Auditrice : Je me suis réellement posé la question : "Suis-je heureuse ?" et la réponse qui est venue, c'était : "Même si extérieurement, tout peut contribuer à mon bonheur, dès lors que je ne suis pas en adéquation avec les buts que je me suis fixés, comme devenir une personne aimante et bonne, je ne peux pas être heureuse". 

Comprenez-vous ce que ceci signifie ? Ceci signifie : "Je ne peux pas être heureuse si je n'arrive pas à correspondre à l'image que j'ai de quelqu'un qui mérite d'être heureux". Comprenez-vous que c'est juste une façon de penser, une croyance limitante ? Laissez passer toutes les pensées qui vous viennent.

Posez-vous la question : "Est-ce que je suis heureux maintenant ?". Si c'est oui, restez heureux, cela ne va pas durer de toute façon. Si c'est non, ne commencez pas à accepter et à croire les pensées qui vous viennent, laissez-les passer. A un autre moment, vous pouvez y repenser si vous voulez. Evidemment qu'une réflexion comme celle-ci peut être intéressante, mais dans le cadre du petit exercice du chemin spirituel que je vous propose, il faut simplement appliquer l'exercice. 

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Trois grands empêchements

Auditeur : De temps en temps, par la réflexion, j'arrive à la conclusion que je n'ai strictement aucune raison de ne pas être heureux, dans le sens où la vie me donne à peu près tout ce dont j'ai besoin, et je me dis, à ce moment-là, que je dois être vraiment proche du bonheur, et pourtant ça bloque quand même.

Oui. Si vous voulez, nous allons parler de trois grands blocages ou de trois grands empêchements au bonheur. 

Premier empêchement

Le premier, c'est l'image qu'on a de soi et des choses. On devrait dire l'illusion qu'on a sur soi et les choses. Que pensez-vous de vous-même ? Répondez intérieurement, avec sincérité. Beaucoup de personnes, par exemple, pensent qu'elles sont de bonnes personnes. Et puis, quand on leur demande : "Et que faites-vous de bon ?", il y a un grand silence. Elles ne trouvent jamais l'occasion de faire quelque chose de bon, ou plutôt, elles ne voient pas le bien ou le bon qu'elles pourraient faire (parce qu'il y a toujours quelque chose de bien ou de bon à faire pour quelqu'un) : mais ceci parce qu'elles ne sont pas bonnes ! Elles ont peut-être la possibilité de développer la bonté en elles, mais elles se croient déjà bonnes, elles vivent avec l'illusion et avec une (fausse) image d'être quelqu'un de bon. 

L'image qu'on a de soi, et chacun a une image de soi, empêche d'entrer en contact avec qui on est réellement. À l'évidence, on ne peut être réellement bien avec soi-même, en soi-même et avec les autres, que quand on commence à devenir authentiquement soi-même. Et quand on vérifie dans les faits toutes les idées qu'on a sur soi.

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Deuxième empêchement

Le deuxième empêchement est bien pire. Vous croyez tous, d'une manière ou d'une autre, de façon consciente ou inconsciente, que quelque chose vous est dû. La plupart d'entre vous, vous vivez avec l'idée que le bonheur vous est dû, que la santé vous est due, que la réussite vous est due, que le confort vous est dû, qu'un bon salaire vous est dû, qu'un bon compagnon (une bonne compagne) vous est dû, et de bons enfants.

Certains sont même dans un état pire : ils pensent qu'ils le méritent. La santé n'est due à personne, ni le bonheur, ni l'argent, ni la réussite, ni un bon partenaire, ni rien de tout ce que vous pouvez imaginer. Mais la raison pour laquelle vous êtes capable de devenir négatif, triste, déprimé, anxieux ou irrité et en colère, c'est parce que vous n'avez pas ce que vous pensez être votre dû. 

Si vous n'aviez pas cette pensée ou cette croyance, vous ne seriez jamais triste ni déprimé, vous n'auriez pas de peur ni d'anxiété, vous ne seriez pas irrité ou en colère. La vie est simplement ce qu'elle est : c'est parce que vous imaginez qu'il vous est dû autre chose que ce qui est en train de vous arriver que vous deveniez négatif. A l'évidence, vous ne pouvez donc pas être heureux, vous ne pouvez pas vous sentir vraiment bien en vous, ni être quelqu'un de bien pour les autres.

C'est là une des racines essentielles du malheur intérieur, de la tristesse, de l'angoisse, de la colère, de la révolte : l'incompréhension que la vie telle que vous la vivez est vraiment votre vie, et rien d'autre ne vous est dû. Ce que vous vivez, les situations intérieures et les situations extérieures, les personnes que vous rencontrez et la qualité de vos relations avec ces personnes, c'est votre vie, et rien d'autre ne vous est dû. Mais l'illusion qu'autre chose vous serait dû vous empêche d'entrer en contact avec le bonheur intérieur.

Parfois, les gens disent : "On me doit le respect". Allez vous promener dans les villes aujourd'hui, vous allez voir comme vous allez vite devenir négatif et malheureux au contact de tous ceux qui ne vous respectent pas. Quand quelqu'un vous manifeste du respect, soyez dans la gratitude. Mais n'imaginez pas que le respect vous soit dû. Réfléchissez bien à toutes ces choses dont vous croyez qu'elles vous sont dues, il y en a beaucoup.

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Troisième empêchement

Le troisième grand empêchement s'exprime assez facilement : "Je serais heureux si seulement...". Si seulement j'étais riche. "Si j'étais riche, je serais heureux", ou bien : "Si j'étais en bonne santé, si j'avais dix kilos en moins, si j'avais une meilleure profession, ou un meilleur partenaire…".

Ce "si seulement" vous met sur la voie de tous les empêchements illusoires, mais auxquels vous croyez, évidemment. Regardez bien dans votre vie si ce que je dis est vrai ou faux. Et si c'est vrai, faites quelque chose pour vous libérer de cet obstacle à votre bonheur. 

De même pour l'éveil

J’aimerais vous faire remarquer une chose : les empêchements au bonheur sont exactement ceux aussi qui empêchent de s’éveiller, de se réaliser, de se libérer spirituellement. Tout ce que j'explique ici constitue pour l’être humain ordinaire le chemin possible de son bonheur. Et pour un homme ou une femme sur un chemin intérieur, il s’agit bien du chemin de l’éveil, de la réalisation et de la libération.

Le bonheur ordinaire

Beaucoup de gens ont des moments de bonheur, évidemment, et le bonheur ordinaire est caractérisé par ce qu’on appelle l’identification. Moi, j’appelle cela être heureux comme mes quatre chiens. C’est le bonheur animal, et il n’a rien de négatif. Quand mes chiens me regardent et que je souris, leurs yeux commencent à briller, ils sourient aussi, en tout cas, ils remuent la queue (humour : un chien sourit en remuant la queue). Donc, ce bonheur identifié existe : on s’est oublié soi-même et on est descendu dans le monde animal, et ce n’est pas négatif. Il vaut mieux vivre ce bonheur-là qu’être malheureux.

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Les empêchements dans les différents centres

Dans le centre intellectuel

Nous le disions, votre souffrance vient de votre attachement à toutes les illusions que vous avez à propos de la manière d’être heureux ou de vous éveiller. Je vous parle bien des empêchements que vous avez dans votre vie. Dans votre centre intellectuel, quel est votre plus grand empêchement ? A quoi êtes-vous le plus attaché ? Une chose que vous adorez faire, ce qu’on appelle la considération intérieure : c’est-à-dire vos ruminations, vos soucis, quant à tout ce qui ne va pas dans votre vie, tout ce que les autres vous font, tout ce que les autres ne font pas pour vous, tout ce qu’ils devraient faire pour vous.

Au lieu simplement de voir et de lâcher toutes ces idées (négatives) qui vous viennent, vous, avec votre pensée, vous les entretenez. Observez votre façon de faire et voyez que c’est ce qui vous empêche d’être heureux. Vous n’êtes pas heureux et vous ne pouvez pas vous éveiller parce que vous êtes en train de considérer intérieurement à propos de votre vie et des autres.

Il y en a parmi vous qui rêvent, à propos de comment la vie pourrait être belle. Vos rêves sont aussi un des empêchements. Arrêtez de rêver et posez-vous la question : est-ce que je peux simplement revenir au présent maintenant ?

 Dans le centre émotionnel

Dans votre centre émotionnel, dans vos émotions, qu’est-ce qui vous empêche d’être heureux, qu’est-ce qui bloque votre conscient, qu'est-ce qui remplit votre conscience, au lieu qu’elle soit vide pour accueillir votre esprit ? Ce sont principalement vos émotions négatives.

Vous voyez, il ne s’agit pas de supprimer vos grandes pensées et vos belles pensées, il ne s’agit pas d’éliminer vos belles émotions. Il s’agit de commencer à faire disparaitre ce qui vous fait souffrir : dans votre centre intellectuel, vos soucis, vos ruminations, et dans votre centre émotionnel, la peur, l’angoisse, la tristesse, la dépression, votre agacement, votre colère.

Donc il n’y a pas besoin de souffrir, le chemin n’est pas un chemin de souffrance, il est le chemin de libération de la souffrance. Mais vous vous attachez à vos rêves, à vos théories, à vos considérations intérieures, vous continuez à vouloir être déprimé, vous cultivez vos angoisses et vos colères, qui sont les causes de votre souffrance, et c’est avec elles que vous faites souffrir les autres autour de vous. Il s’agit de se libérer de ces souffrances et de ces causes de la souffrance. Pour être à la fois heureux et pour s’éveiller. 

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Dans le centre physique

Vous avez aussi des empêchements dans votre centre physique. Le pire, ce à quoi vous êtes le plus attaché sans même imaginer que vous l'êtes, ce sont vos habitudes, et cela commence le matin au réveil. Vous pourriez faire une liste de toutes les habitudes que vous avez tout au cours de la journée, uniquement vos habitudes physiques. Vous pouvez aussi faire la liste de vos attitudes physiques : vos attitudes face aux situations, face à la vie, face aux autres. Vous pouvez également regarder d'un peu plus près vos addictions, vos dépendances : aux aliments, au sexe, à l'argent, à l’agitation, au besoin de bouger tout le temps, pour certains aux drogues : cigarettes, alcool, drogues plus fortes encore. Regardez tout cela, parce que tout cela vous enferme, vous emprisonne, vous empêche de vous éveiller.

Une machine ne peut pas être heureuse

Pour vous libérer, il est nécessaire que vous observiez tout cela quand vous vous posez la question : "Suis-je heureux maintenant ?" et que la réponse est non. Peut-être que ce qui vous empêche est dans votre pensée, un souci ? Peut-être que c’est une émotion négative comme la peur ou la tristesse ? Peut-être que c’est une habitude mécanique de fonctionner, et une machine ne peut pas être heureuse ?! Une machine ne peut pas se libérer, s’éveiller.

Quand on veut s’éveiller à sa propre nature, son propre esprit, ceci signifie s’éveiller dans la clarté, dans la joie, dans l’amour, dans la sérénité et dans l’enthousiasme, en se libérant de la souffrance et de toutes ses causes. Mais la manière d’en sortir est toujours la même : je reviens d’abord au présent et j’accepte ce qui est au présent, exactement comme c’est. En même temps, j’apprends à cultiver la gratitude pour tout ce que j’ai, pour tout ce que je suis. D’abord, et parce que c’est le plus simple : la gratitude pour ce qui nous paraît bon, agréable, confortable ou beau. Après, longtemps après, on peut étendre sa gratitude à tout ce qui est plus négatif, douloureux, désagréable, inconfortable... A ce moment-là, on découvre que la source de la gratitude, comme la source d’un bonheur possible, ou la source d’un éveil possible, c’est tout ce qui vient dans le présent, sans rien n’exclure, sans rien refouler, parce que notre état intérieur le permet. Mais tant qu’on attend d’être stimulé par la beauté extérieure, par la bonté extérieure ou par une soi-disant vérité extérieure, on continue à cultiver et à produire un karma de la souffrance, éventuellement du malheur pour soi et pour les autres.

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Heureux dans les trois centres

Auditrice : "Est-ce qu’il faut être heureux dans les trois centres ? Hier, je me posais la question et je sentais que j’étais heureuse au niveau de mon centre émotionnel, malgré la fatigue physique et la fatigue intellectuelle". 

On ne peut pas être heureux juste dans une partie de soi, mais on peut être heureux malgré une mauvaise santé, malgré une maladie, malgré des situations difficiles à l’extérieur, malgré la fatigue. Ceci, un jour, ne vous affecte plus, et c'est le but que nous vous indiquons, parce que vous allez tous encore être fatigués, certains parmi vous seront encore malades, certains même vont finir par mourir, mais rien de tout cela ne peut affecter l'état de bonheur intérieur une fois qu’on est dans le flux de la vie. 

Pendant une heure, un jour, un an, toute une vie ?

Il y a une petite histoire qui dit : "Si tu veux être heureux pendant une heure, demande à ton ami de te préparer un bon repas. Si tu veux être heureux pendant une journée, fais l’amour avec ton ami(e). Si tu veux être heureux pendant un an, marie-toi. Si tu veux être heureux pendant toute une vie, mets-toi au service inconditionnel des autres". Cela signifie : quand je suis au service, peu m’importe ce qui se passe à l'extérieur, peu m'importe l’humeur bonne ou mauvaise de ceux au service desquels je suis, peu m’importe leurs exigences : j’ai décidé, pendant un temps ou dans une situation donnée, d’être au service, et c'est tout. 

D'autres empêchements encore

Le jugement est également un des grands empêchements à la fois au bonheur et à l’éveil. Aussi bien le jugement de soi que le jugement des autres. Et c’est malheureusement aussi un mode de fonctionnement presque continuel, de façon consciente ou inconsciente, de l'être humain.

L'attente, comme la plainte, sont deux autres empêchements, mais la plupart du temps, les gens préfèrent ce qui les rend malheureux, ce qui les empêche de se réaliser et ce qui les empêche d'être heureux. Ils le savent, et pourtant, ils le préfèrent encore. 

Un autre empêchement extrêmement important est la rancune, ou les ressentiments qu'on a, et le pardon est la force de guérison du malheur, de la tristesse, de la colère, de la peur. Le pardon est une des actions qui ouvrent le cœur, qui vident le cœur de tout le passé. Malheureusement, chez la plupart des gens habitent la rancune et le ressentiment vis-à-vis du passé, souvent vis-à-vis des personnes avec qui ils ont vécu, vis-à-vis de leur mère surtout, ou de leur père, ou de tous ceux qu'ils ont rencontrés.

Cette rancune, ces ressentiments font partie des plus grands empêchements sur le chemin intérieur. Il faut absolument se soigner pour passer du ressentiment et de la rancune au pardon, et on ne peut pas décréter intellectuellement : "Je pardonne", mais on peut faire un travail intérieur de compréhension, d'observation aussi de ces émotions, qui sont plus encore que des émotions négatives : le ressentiment et la rancune sont des états intérieurs beaucoup plus graves qu'une simple émotion.

C'est la raison pour laquelle il est nécessaire souvent de les traiter à travers des constellations, des représentations, ou mieux encore, à travers des traitements énergétiques tels que nous les enseignons ici, comme le Mudra Vision Expression, ou le traitement de libération du subconscient, ou le 7 Lataïf. Tous ces traitements énergétiques permettent vraiment de se libérer de la racine du ressentiment. 

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Deuxième secret du bonheur

Je vais avant de terminer vous donner un deuxième secret, j'en ai déjà parlé, mais sans vous dire que c'était le deuxième secret du bonheur, et certainement le plus grand. On appelle cela la gratitude. J'avais un Maître qui parlait tout le temps de la gratitude. Pour lui, il n'y avait que cela de vrai, et je pense qu'il avait raison.


On peut toujours être dans la gratitude pour quelque chose, la plupart des êtres humains reçoivent tant de choses tous les jours, parfois de grandes choses, parfois le simple fait que tous les jours, nous respirons encore, nous mangeons, nous sommes au chaud ; tous les jours, nous voyons la nature qui change et qui réjouit nos yeux, ou des hommes ou des femmes qui réjouissent nos yeux. Les personnes que nous rencontrons, les repas que nous prenons, les habits que nous portons, la douche que nous pouvons prendre, le fait d'ouvrir le robinet et l'eau coule, tous ceux qui ont participé à tout ce que nous avons et tout ce que nous recevons : il existe, tous les jours, pour tout être humain, des milliers de raisons de pouvoir dire merci.

Et pourtant, combien de fois dites-vous merci par jour ? Un des plus grands secrets du bonheur, c'est de dire souvent merci extérieurement et intérieurement, en prenant contact avec ce pour quoi on est dans la gratitude. Pour ceux qui n'arrivent pas à ressentir la gratitude pour l'air qu'ils respirent, pour la chaleur ou la fraîcheur, pour l'eau ou pour la nourriture, pour l'argent qu'ils ont, pour les amis, les parents, les enfants qu'ils ont, pour le travail qu'ils ont, pour quelqu'un qui leur ouvre une porte, pour leur chambre, pour leur maison, il faut le faire comme un exercice et penser aux choses pour lesquelles on peut être dans la gratitude. Ceux qui l'éprouvent, tant mieux pour eux. Les autres peuvent commencer le chemin de la gratitude. 

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Exercice de gratitude

Un exercice destiné à la fois à ceux qui suivent un chemin ordinaire vers le bonheur et à ceux qui suivent le chemin spirituel. En réalité, ce n'est pas un exercice, mais un mode de vie. Il est très simple : c'est de penser souvent à dire merci, le plus souvent possible. C'est tout.

Et pour mieux l'ancrer dans sa vie, pour ne pas l'oublier, on peut par exemple à toutes les heures pleines, ou à n'importe quel autre moment, s'arrêter un instant, respirer deux ou trois fois en prenant peut-être conscience de la respiration au milieu de la poitrine, tout près du cœur, et à ce moment-là, simplement dire merci pour la première chose qui vous vient.

Que vous le ressentiez ou non n'a pas d'importance : faites-le comme un exercice du chemin de la gratitude. En sachant qu'il fait partie à la fois du chemin ordinaire vers le bonheur et il fait nécessairement partie du chemin spirituel. Comment voulez-vous que quelqu'un s'éveille à son esprit et à l'Esprit s'il n'a même pas conscience de tous les dons qui lui sont faits tout au courant de la journée ? Personne ne peut s'éveiller s'il n'est pas entré dans l'esprit de la gratitude.


Idris Lahore

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Article publié avec l'aimable autorisation de la revue Science de la Conscience.

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par Jean Marc Serre, Psychothérapeute